Publié le 4 Octobre 2020
Le parc ouvert en permanence nous permettait de construire des tremplins pour nous exercer aux sauts.
J’avais eu en cadeau un vélo, mais pas un vélo ordinaire, il était construit en tubes d’acier avec des roues de 40 cm de diamètre, de très grosse section. Le grand jeu consistait à monter dessus de plus en plus nombreux, comme à la parade des gendarmes, ou les clowns du cirque. Le record fut de huit, plus nombreux, toutes les tentatives ont échouées. Le vélo n’a jamais cédé.
Plus tard, on l’avait équipé d’une voile pour descendre l’avenue de Camargue les jours de Mistral. La voile nous bouchait la vue devant le vélo et comme il n’y avait pas de freins, on percutait souvent la maison du bout de la rue. C’était la maison de monsieur Brauman, le rebouteux du village. Donc nous ne risquions rien. Cette maison et son propriétaire, nous a toujours mis mal à l’aise entourée de beaucoup de mystères.
Pour changer de véhicule, nous équipions des planches de bois de patins à roulettes et les plus grands nous tiraient sur la route du mas de Nages avec leurs mobylettes. Sur nos planches à 10 cm du sol, la sensation de vitesse était phénoménale, les chutes aussi. Les protections, de simples morceaux de pneus d’automobiles fixées sur les genoux et les coudes. On était très impatients d’avoir l’âge, pour nous aussi, d'avoir enfin des mobylettes.
Certains d’entre nous étaient de grand bagarreurs, et leur esprit combatif les amenait à partir dans d’autres villages. Bouillargues, Garons, ceux du chemin bas et la Féria de Nîmes, qui à cette époque servait aux bandes villageoises de terrain d’affrontement. C'est pour cette raison que la Féria de Caissargues a lieu en même temps, pour déplacer un peu le problème de la violence, et drainer les derniers poivrots. Pour finir à l'encierro nocturne de Garons.
Ça se terminait souvent aux urgences.
Je n’aimait pas la bagarre, je n’avais rien à prouver de ce côté-là. Je n’ai jamais compris pourquoi D.L, un grand amateur de combats de rue, efficace et redouté, voulait toujours se battre avec moi.
Je savais que j’allais en prendre plein la gueule ( je l’avais vu à l’œuvre ). Donc D.L. organisait des duels publics entre lui et moi. Ça se passait dans le parc.
J’ai compris plus tard qu’il voulait épater les filles. J’ai développé aux cours de ces joutes l’art de l’esquive verbale, en tenant de longs discours sur la violence. Et aussi le mensonge salvateur en prétextant un rendez vous et toutes sorte d’esquives. Une seule fois le combat a eu lieu, je me suis défendu le plus longtemps possible, mais j’en ai pris comme aux boules, D.L. aussi, depuis ce jour-là, j’ai eu la paix. Et lui a continué à séduire les filles avec ses allures de matamore.
À suivre