Publié le 25 Juin 2021

Zézé dans son atelier (photo François Lagarde)

Un autre professeur m'a ouvert des chemins inconnus, Jean Azémard dit Zézé. Avec un air de Popéye
fils et petit fils de pêcheurs sur l'étang de l'Or. Il nous enseignait la couleur, nous avons peint des aplats sur des feuilles de papier Canson mouillées et tendues sur des planches en utilisant de l'adhésif en papier kraft.
La couleur ne devait avoir aucun défaut, comme sur un nuancier, la plus pure possible. Et ensuite nous découpions des morceaux pour les juxtaposer et découvrir la magie des complémentaires, du contraste simultané, des toniques et toutes les combinaisons qui produisaient des changements visuels en fonction des surfaces et de l'interaction. Les blancs deviennent roses les verts renvoient du rouge, les couleurs se rejettent se marient se soutiennent, une seule petite touche de couleur peut complétement changer et éclairer un tableau.

C'est de la magie et apprendre à jouer avec tout ça est un ravissement. 

       
Jean nous faisait aussi découvrir l'aquarelle, technique fraîche sans repentir, dans l'instant. Jean Azémard, maitrisait parfaitement cette technique. Dans le cours sur le modèle vivant à l'aquarelle, un élève lui demande : "Vous enseignez l'aquarelle, mais êtes-vous capable de la pratiquer" Jean sans se fâcher lui prend le pinceau et d'un seul geste représente fidèlement la posture et la lumière du modèle vivant, selon la pression exercée sur le pinceau il a peint tout le modelé de la chair. Avec un rire franc qui le faisait ressembler encore plus à Popèye il a repris son cours.
 


   Jean Azémard avait d'autres occupations, tubiste dans la fanfare Bolchévique et constructeur de cabanes à vivre.

Je découvre l'autoconstruction (le DIY avant l'heure) une architecture alternative et une façon de vivre très décroissante.
 
Et un monde à découvrir
 

Le Bourdigou entre autre et le film des frères Marre

Une ZAD

À suivre …
 

 

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Rédigé par jacques

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Publié le 21 Juin 2021

Après une interruption, je reprends les secrets, un peu éloigné du Vistre, mais pas trop quand même.

À L'école des Beaux l'apprentissage était des plus classique, copie de plâtre, en dessin et en volume.
Les cours de volumes étaient dispensés par deux professeurs. Monsieur Mulethaler (pas sur de l'orthographe) et André Hogommat, un bonhomme très sympathique qui nous faisait dessiner des feuilles de houx.

 

Essayez ce n'est pas facile il faut arriver à rendre l'alternance des pointes en haut et des pointes en bas le passage entre les deux. Ça y est les mots "passage" et "entre-deux" rentraient dans ma vie, ils détiennent touts les secrets du dessin et surtout du volume.

Quand on regarde la nature, il est extrêmement rare que le regard soit arrêté par une surface, il y à toujours quelque chose derrière, Et si le regard est toujours en mouvement on s'aperçoit qu’un volume, c'est une multitude de passages que rendent la sculpture vivante.


Je découvre là un monde, c'est presque une illumination.

Donc j'entreprends la copie du Balzac de Rodin, vaste projet, j'avais déjà échoué sur la copie du chat égyptien, du bouddha Khmer, échec relatif, car les erreurs étaient commentées et rectifiées par les professeurs. On est là pour apprendre pas pour sacraliser nos "œuvres". Donc de rajouts en rajouts mon Balzac grandit et j'arrive à la grandeur nature. Il est presque aussi haut que moi. De destructions en corrections 
je commence à percevoir l'étendue de mon ignorance. Bon, j'apprends que notre ami Rodin a trempé un tissu dans le plâtre pour draper le corps de Balzac, quel tricheur. Monsieur Hogommat me dis avec un petit sourire : " Quand tu sauras modeler un drapé, tu pourras te permettre de tricher". Six mois complet, je me suis coltiné le Balzac, en dessin, en papier, en terre, à l'aveugle après avoir posé les mains sur le modèle.

Mon regard a changé je regarde les sculptures en me posant la question : "comment c'est fait" chercher à comprendre à percer ce mystère, à pousser la curiosité toujours plus loin.

On apprend à faire le volume et pas l'image du volume, c'est quelque chose qui est difficile à expliquer, il faut pratiquer et regarder vraiment.

À suivre

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Rédigé par jacques

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