Secret 31
Publié le 3 Novembre 2020
Revenons un peu en arrière, ne cherchez pas trop de logique dans la chronologie, car je puise au fur et à mesure dans ma mémoire défaillante.
Les beaux arts, j’en parlerai plus tard.
Pour le moment il y a l’entrée aux éclaireurs. J’étais encore le plus jeune. Je fais l’impasse sur mon passage chez les louveteaux, pas grand-chose à dire si ce n’est que je ne me souviens pas de grand chose. Mais chez les grands, j’ai continué à nourrir mon insatiable curiosité. Le premier camp Grésy sur Isère, ils m’ont bombardé maire du camp. Chaque patrouille (hé oui c’était un peu paramilitaire) construisait une table, un foyer, un vaisselier, et un wc (pas toilette sèche, mais au Grésil).
Pour inaugurer ce village il y avait bien sûr un maire. On me promenait sur un chariot ceint d’une écharpe tricolore et torse nu. À cette époque-là, j’étais un peu fier, mais plus tard je les aurais tous envoyés chier. Dans le vrai village situé à proximité de camp on pouvait acheter du vin, de l’Apremont, vin de Savoie sucré et doucereux. Les grands en prenaient toujours, j’ai bien sûr essayé, ma première cuite et une gueule de bois gigantesque.
Nous partions en excursion dans la montagne. Un jour pour prendre un soi-disant raccourci, PB, PS, et moi on a dévalé un éboulis. Arrivés en bas, cul-de-sac. Il faut remonter. On s’aperçoit vite qu’il y a des nids de serpents un peu partout, des vipères ou du moins ça y ressemblait. La montée s’est faite avec d’infinies précautions. Le raccourci nous a permis d’arriver quatre heures après les autres.
Nous faisions aussi des explorations survie . On partait d’un lieu assez éloigné du camp et le but était de se débrouiller pour manger dormir et se déplacer pour rejoindre le camp. C’est là que j’ai commencé à voler dans les magasins et dans les fermes. Au début pour bouffer et ensuite pour l’adrénaline. Les explorations terminaient souvent chez les gendarmes. On revenait d’une manière ou d’une autre toujours au camp.
Ça durait un mois et demi, ça n’avait rien à voir avec les colonies de vacances. On avait beaucoup plus de libertés. En fait on avait une paix royale. Je pense que les plus grands qui nous encadraient n’étaient pas plus responsables que nous. Et en profitaient pour faire la fête. Bon, quelques-uns étaient les gardiens du temple et perpétuaient l’héritage de Baden Powel en nous faisant miroiter la promesse que tout éclaireur doit faire :
Je promets sur mon honneur de faire tous mes efforts pour :
Servir mon pays et l’amitié entre les hommes,
Rendre service en toute occasion,
Vivre notre loi.
Et voilà le texte de loi :
un(e) éclaireur (euse)
Est franc (Che) et loyal(e).
Rend service.
Est un(e) ami(e) pour tous et un frère (une sœur) pour tous les autres scouts.
Est courtois(e), écoute les autres et respecte leurs convictions.
Aime et protège la nature et la vie.
Sait obéir et agir en équipe.
Est toujours de bonne humeur.
Ne fait rien à moitié, est économe et respectueux (se) du bien d’autrui.
Est propre, maîtrise ses paroles et ses actes.
N’a qu’une parole.
À suivre