Publié le 24 Janvier 2021

Jacques Livchine
 
Je lis quelque part que le directeur d'une Scène Nationale ou quelque chose comme ça se plaint de voir que la foule se presse à Ikéa alors que son théâtre reste inexorablement fermé. Cher collègue, as tu remarqué que ton théâtre fermé touche l'intégralité de sa subvention et que toi- même tu touches l'intégralité de ton salaire .
C'est une pure folie surréaliste.
Moi même qui te parle, je viens de toucher des droits d'auteurs pour une pièce que je n'ai pas jouée, puisque tous les contrats prévus se doivent d'être honorés.
J'apprends même que les compagnies qui perdent des sous peuvent faire des demandes d'aide.
J'hallucine grave.
Ce Ministère que tant de fois nous avons honni est solidaire de nos déboires et insiste pour que nous survivions tous.
Alors quand je t'entends maugréer contre les hypermarchés ouverts, sache que si tu reçois encore l'intégralité de ton salaire c'est grâce à la belle quantité de TVA récoltée dans tous les grands commerces ouverts.
N'oublie pas que nous tous dans le théâtre public à but non lucratif, nous récupérons la TVA et que nous sommes de beaux privilégiés.
On t'offre deux ans de congé sabbatique.
Que veux -tu , dans toute l'Europe nos lieux sont fermés, car ils savent juste disent -ils que les interactions sont dangereuses et comme nous ne rapportons pas de TVA , et que le théâtre crée de la rencontre alors nous sommes les sacrifiés avec nos copains des restaurants.(Sauf en Espagne parait il).
Cher collègue, nous sommes des alchimistes, nous artistes, nous transformons allègrement la merde en or.
Nous sommes en train de vivre la magnifique opportunité d'inventer un autre théâtre moins conformiste, plus proche des gens, qui entrerait dans les maisons, les familles, qui occuperait la rue et la campagne, cher collègue, reconnais -le après le souffle de la décentralisation, nous nous sommes endormis dans un confort un tant soit peu bourgeois, nos programmations ne prennent pas trop de risque, elles se sont adaptées à la sociologie des classes cultivées, celles qui écoutent France inter et France Culture, sympathiques certes mais nous laissons au bord de la route 99% des Français.
Ils ne s'en plaignent pas, ils ont le Tour de France, la pétanque, les grosses têtes , les apéros, le jardin, la caravane
Cher collègue je vais m'arrêter car je pourrais te parler des pages entières du non public etc.
Je pourrais te parler d'une Scène Nationale exemplaire, le Channel de Calais ,
car les Scènes nationales pourraient être des outils extraordinaires et essentiels et ce serait le moment où jamais de se refonder sur de nouveaux paradigmes.

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Publié le 21 Janvier 2021

Chocho


Cette période en liberté surveillée pour toute la bande du Vistre nous a contraints à pratiquer l’art du mensonge et du camouflage pour continuer à nous voir. Pour nous prouver que c’était encore possible. Des tensions étaient apparues, les dealers ont été arrêtés et ont pris de lourdes peines, et dans la bande il y avait des soupçons de balances qui ne faisaient pas bon ménage avec l’amitié.

C’est bien plus tard qu’on a appris que les flics les avaient repérés depuis longtemps, ils ont profité de la mort de YR pour les arrêter. Nous nous retrouvions souvent le soir dans un lieu à l’écart pour fumer quelques pétards et faire de la musique, nous nous tenions à carreau le reste du temps. Plus soudés que jamais on a quand même fait quelques conneries, oh ! Pas grand-chose, une vitrine par-ci par-là, et un machin très rigolo, la bombe de mousse expansive dans une boîte aux lettres, fou rire garanti. Et un après-midi, un de nous est arrivé avec un canoé, à nous le Vistre. Nous voilà embarqués à cinq. Le Vistre était assez gros pour nous pousser vers la cascade de la Bastide que nous avons franchie sans trop de dégâts, on retrouve de nouveau Le silence et l’ombre des grands arbres, voilà le pont sur la route de Milhaud suivi de celui d’Aubord, Bernis, Vestric, Vauvert et une autre cascade assez haute pour casser le canoé en deux et tous à la flotte. Tout pré de la guinguette à Chocho* tenue par un anarchiste qui organisait chaque premier mai une immense fiesta. Je la connaissais bien, car mon grand-père, anarchiste aussi, nous y emmenait manger souvent. Et plus tard pour des fêtes en compagnie de CPF, ou de la fanfare du GAAM, mais ça c’est une autre histoire. Donc plus de canoé et pas mal de kilomètres à pied pour rentrer, mais ce coup si ça sentait la mer pas loin, un jour on y arrivera. Nous avions sur nous une forte odeur d’égouts, la tête pleine d’images d’aventures et l’envie de partir.
 

À suivre

 


* https://maitron.fr/spip.php?article154460

 

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Publié le 17 Janvier 2021

Secret 48

Ça y est je ne dégrave plus les écrans. Je suis à la « ©Marinoni » presse à emboutir. J’ai à ma gauche une pile de plaques en aluminium sans relief ma mission est d’avoir à ma droite la même pile de plaques avec des lettres en reliefs. Je prends une plaque je la positionne précisément sur la forme d’emboutissage et je pousse le tout dans la presse, à ma droite il y a un levier je l’abaisse le vérin se met en marche et presse la plaque, plusieurs tonnes le métal est repoussé au fond de la forme le gros manomètre devant moi m’indique la bonne pression une fois atteinte je relève le levier le vérin descend je tire le tout vers moi et je pose la plaque à ma droite. La pile de gauche contient environ quatre mille plaques. C’est répétitif monotone assez lent comme geste, rapidement j’ai l’esprit qui vagabonde dans une sorte d’hypnose. Le geste devient réflexe et le temps s’arrête. Une tache un lieu plus rien d’autres existe. Les plaques que l’on emboutit on les trouve dans les quincailleries, attention chien méchant, propriétés privées, chantier interdit au public, défense d’uriner contre le mur, palombières sifflez (celle-là me plaisait beaucoup). Il y avait aussi tous les rallyes automobiles, Monaco, Cévennes Monte-Carlo … De temps en temps je mettais dans la presse divers objets et aussi des végétaux pour faire des monotypes. C’était volé sur mon temps de travail on appelle ça une perruque travail pris au « grand patronat » mon grand-père.

 


Les autres de la bande du Vistre, à part ML qui est en taule, sont placés dans divers établissements de formation, le C.E.T de la route de Générac, le lycée agricole de Rodilhan, en section technique au lycée Duhoda, et divers C.A.P. dans des métiers très divers, il y en à même un qui est devenu gendarme ;

On avait vécu une sacrée aventure et certains furent marqués pour la vie, j’en fais partie.

 

À suivre

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Publié le 14 Janvier 2021

Secret 47
 



La suite après cet épisode un peu traumatisant, c’était une mise en liberté surveillée par la justice, la famille, et l’éducation nationale. Les vacances, je travaillais dans l’imprimerie de mon grand-père, au dégravage des écrans de sérigraphie, poste, sale, humide, bruyant, une punition, je pense. Imaginez une pièce sombre, un karcher très bruyant, on asperge les écrans après les avoir enduits de décapant, ça gicle dans tous les sens. Debout sur une palette pour ne pas mettre les pieds dans la gangue d’émulsion et d’eau, le décor est gris sale et tout prend cette couleur, y compris le bonhomme. Je soupçonne mon grand-père de m’avoir mis là pour montrer aux autres ouvriers qu’il n’y avait pas de favoritisme. Que cela ne tienne j’avais remarqué deux choses : si on resserrait le jet du karcher on pouvait faire des dessins sur les écrans, ça m’amusait pas mal et la deuxième, un accident et hop l’écran crevé, foutu il partait dans un autre atelier pour être refait sans passer par la case dégravage. Heureusement que j’allais au collège, là je pouvais m’échapper, pour retourner au 18 rue Général Perrier. Ça avait changé, les locataires étaient plus tranquilles, moins de dealers, moins de dope, juste de l’herbe locale. Et certains étaient des élèves des beaux-arts. Je voulais y rentrer, mon père voulait que je passe le brevet d’abord. Comme je l’ai déjà évoqué, j’ai eu le brevet en trois ans. J’allais voir de jeunes peintres Nîmois dans leurs ateliers, au bistrot, à la galerie Jules Salle, je découvris là tout un univers qui a énormément compté dans mon éloignement de la drogue et du milieu qui va avec. Bon ça ne s’est pas fait d’un seul coup, je prenais encore quelques acides, un peu de coke et de l’herbe, mais comme j’étais surveillé ça devenait de plus en plus rare. Il faut dire aussi que la mort de YR me pesait encore, un immense sentiment de culpabilité ne m’a plus quitté depuis. C’est des moments marquants et qu’on ne me raconte pas que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, ce qui ne nous tue pas nous poursuit longtemps.

 

À suivre
 

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Publié le 12 Janvier 2021

Secret 46
 

Le procès de la bande du Vistre a eu lieu dans la grande salle du tribunal, ce sont des audiences à la chaîne, les affaires se déroulent souvent rapidement, avec des avocats commis d’office. Le juge monsieur Toulzat nous demande d’entrer, je n’oublierai jamais sa tête quand il nous a vus en compagnie de Maître Pierre Richaud grand avocat de Nîmes (grand ami de mon père aussi).
« Comment des gamins ont trouvé assez d’argent pour se payer cet avocat ? » il a du se dire.
Alors nous avons assisté à une plaidoirie magistrale, avec effets de manches et voix d’orateur, du grand spectacle. Nous ne risquions pas grand-chose, car quasiment tous mineurs, sauf ML qui lui a fait quelques mois de prison. L’accusation de non-assistance à personne en danger n’a Pa été retenue, mais la détention de produits stupéfiants oui. À cette époque les mineurs avaient obligation d’avoir un suivi médical et d’avoir un adulte qui se porte garant de sa bonne conduite. J’ai donc été obligé de réintégrer le collège et mon père venait me chercher tous les soirs. J’étais surveillé en permanence. J’ai été ébranlé par toute cette affaire, j’ai calmé le jeu jusqu’au brevet et l’âge de 16 ans. L’affaire avait fait grand bruit dans le village, notre réputation en à pris un sacré coup et certaines personnes interdisaient à leurs enfants de nous fréquenter, ce qui a resserré les rangs de la bande du Vistre

 

À suivre
 

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Publié le 7 Janvier 2021

Secret 45

Un soir au jardin de la fontaine nous avions festoyé aux cafés arrosés. Les séances de vélo acrobatique s’étaient bien terminées, pas de chutes. YR était tellement ivre que je l’ai chargé sur mon dos jusqu’au 18 rue Général Perrier. Le grand escalier m’a paru très long, YR, d’un seul coup est devenue plus lourd j’ai senti qu’il venait de mourir sur mon dos. Je l’ai laissé chez lui, et tout à basculé dans une sorte de brouillard, les flics le commissariat de la ZUP, des affiches de films policiers, Delon et Belmondo, un gentil et un méchant, des gifles, une accusation de non-assistance à personne en danger, l’arrivé au poste de mon père et d’un avocat ténor du barreau. J’étais mineur donc j’ai échappé à la prison. ML lui est resté en garde à vue, et tous les autres mineurs ont été remis en liberté dans l’attente du procès. J’ai compris à ce moment le pourquoi on m’avait amené seul dans ce commissariat, comme j’étais le plus jeune ils m’ont cuisiné pour que je dise qui avait vendu la dope, car YR a succombé à une overdose. La suite je ne m’en souvient pas bien, un immense sentiment de culpabilité. (Non-assistance à personne en danger) Si j’avais prévenu les secours…
À 14 ans c’est un poids lourd à porter. Plus tard quand je suis retourné au 18 rue Général Perrier, BC avait écrit sur la porte de YR cette phrase :

« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie »*.

 

La bande du Vistre au moins jusqu’au procès ne s’est plus reformée, les réactions des parents ont été variées, et plus ou moins dures.
 

À suivre
 



* Aden Arabie

Paul Nizan
« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie.
Tout menace de ruine un jeune homme : l’amour, les idées, la perte de sa famille, l’entrée parmi les grandes personnes. Il est dur à apprendre sa partie dans le monde.
À quoi ressemblait notre monde ? Il avait l’air du chaos que les Grecs mettaient à l’origine de l’univers dans les nuées de la fabrication. Seulement on croyait y voir le commencement de la fin, de la vraie fin, et non de celle qui est le commencement d’un commencement. »

 

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Publié le 5 Janvier 2021

Le jardin de la fontaine fermait le soir, nous avions fait un passage sur le côté pour y rentrer à la nuit tombée. Le jardin n’était que pour nous, un vaste terrain de jeu. Même si nous nous défoncions souvent, on avait gardé cette envie de s’amuser en bravant les gardes de nuit. C’est peut-être ça qui en a sauvé quelques-uns de la descente aux enfers du junkie. La nuit, le jardin de la fontaine servait à toutes sortes de gens, qui venaient draguer, vendre, s’exhiber ou tout simplement prendre une dose d’adrénaline. Le jardin, dans ces années-là n’était pas taillé et rangé comme maintenant, on pouvait facilement se fondre dans les taillis. Ça nous est arrivé plusieurs fois de dormir à la belle étoile et de nous réveiller au milieu des visiteurs. Le Bar du jardin s’appelait « le pavillon » le lieu de rendez-vous hors de la ville où l’on pouvait rester toute la journée. Le café arrosé, notre boisson favorite, pas chère et efficace pour se saouler, nous en buvions pas mal, et les soirées au « pavillon » se finissaient en toutes sortes de délires plus ou moins dangereux. La pratique du vélo sur les rambardes en pierre du jardin avait notre préférence, d’un côté l’eau cinq six mètres plus bas et de l’autre le sol à un mètre, c’est un exercice périlleux et riche en adrénaline. Personne n’est tombé ni dans l’eau ni sur le sol. Une autre activité en ville consistait à casser des vitrines comme ça pour la beauté du geste, certaines vitres explosaient en mille petits morceaux en faisant un bruit de grêle, d’autre se fracassaient en éclats vifs et tranchants et parfois le projectile rebondissait sans casser la glace, sur celles-ci on s’acharnait sans pourvoir leur faire la moindre fente.
 

À suivre

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Publié le 28 Décembre 2020

 

Le 18 rue général Perrier était comme ma deuxième maison, je rentrais de temps en temps à Caissargues, mais de moins en moins souvent. J’ai côtoyé toutes sortes de gens au 18, trois de la bande du Vistre et YR et BS deux cousins, guitariste tout les deux, dans des styles très différents. YR jouait et chantait à la perfection le répertoire de Jimi Hendrix à la guitare sèche, BS lui avait plutôt le style John McLaughlin. J’ai passé des heures à les écouter et parfois ils nous apprenaient deux trois accords pour jouer avec eux. On n’avait rien d’autre à faire que faire de la musique et se défoncer.

Quand on avait besoin de faire des courses, on volait tous ce dont on avait besoin. Parfois on cassait une vitrine et on se servait. Tout cela nous paraissait naturel, et pourquoi s’en priver ça marchait à chaque fois. Les dealers qui passaient au 18 nous faisaient confiance et on avait toujours de la marchandise à disposition. J’ai assisté souvent à des disputes de junkies, un jour il y en a un qui est rentré dans l’appartement en nous braquant avec un revolver, surement en manque, il n’a pas résisté longtemps, car on lui a donné une dose. Mais tout ça ne nous affectait pas, car on planait en permanence, sur un nuage.

Il faut quand même savoir qu’il n’y a rien de comparable en intensité de plaisir qu’un flash à l’héroïne (en plus on avait accès à de la blanche non coupée). C’est extraordinaire comme effet malheureusement pour retrouver cette intensité, il en faut chaque fois plus et c’est là le piège on est dépendant physiquement au troisième shoot, pour le plus grand « bonheur » des dealers. Je suis passé à côté de ce manque, un instinct de survie plus fort ? Je ne sais pas.

Il nous passait de drôle d’idées par la tête, un soir avec BC on a pris de l’encre sérigraphique bleu métal et on est allé peindre la Nymphée au centre du jardin de la fontaine, c’était du plus bel effet. Le lendemain on est allé voir notre chef-d’œuvre, les employés municipaux frottaient la statut pour faire disparaître la couleur. YR qui passait par là, éclate de rire en nous voyant, car on avait BC et moi les vêtements tachés d’un magnifique bleu métal.

 

À suivre

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Publié le 27 Décembre 2020

Secret 43

Antifo N.C. fém. provençal

battre l’antifo ou battre l’antiflo  : gagner les champs, s’évader, se dérober à la poursuite, faire sans cesse des escapades. Être toujours par voies et par chemins, rôder, vagabonder au hasard, sans but déterminé.

es esta oubliga de battre l’antiflo : il a été obligé de déguerpir, de s’enfuir.
Es plus eici despièi quàuqui tèms, bat l’antiflo  : il n’est plus ici depuis quelques temps, il est en fuite.

... e ajudon nosto imaginacioun à battre l’antifo. : et aident notre imagination à s’évader.

Aussi :
Nom d’un taureau de Mailhan


 

L’antifo, c’est le nom que me donnait souvent ma mère. Elle avait sûrement deviné que je voulais m’échapper ?



La bande du Vistre a complètement disparu, beaucoup sont partis en ville, d’autres dans des études ailleurs. Quelques-uns ont quitté le village sans donner des nouvelles.
Souvent je passais quelques jours au 18 rue général Perrier, ou habitaient BC RC ML de la bande du Vistre et aussi quelques autres qui venaient et repartaient. C’était tout l’étage qui était occupé, divisé en plusieurs appartements dont un situé entre l’avant-dernier et le dernier étage sur la gauche de l’escalier. Un magnifique escalier large et éclairé par une immense verrière.

 

J’ai squatté cet endroit où circulait tous les toxicomanes de la région, encore une fois j’étais de loin le plus jeune. C’était la liberté totale personne ne se préoccupait du lendemain. Il y avait toujours de quoi se défoncer, j’ai traversé cette période sans connaître les crises de manque, un instinct de survie, ou de la chance, mais je n’ai jamais dépassé le stade où on perd totalement le contrôle. Les junkies sont de véritables bêtes sauvages capables de tout pour une dose. Ils sont seuls au monde dans un univers de seringues de sang de violence. Ils sont manipulateurs et prêts à toutes soumissions pour ne pas manquer de dope. Les dealers on un pouvoir énorme ils fixent les prix, les quantités, souvent ils coupent la poudre avec du lactose ou du talc. Le grand banditisme n’est jamais loin.
Je mesure aujourd’hui quelle chance d’être sorti en bon état de tout ça.
Car l’histoire est loin d’être finie.

 

À suivre

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Publié le 14 Décembre 2020

Secret 41

 

À Caissargues il y avait deux genres de gamins. Ceux qui allaient sur le « bon chemin » et ceux qui aimaient bien l’école buissonnière. Mon père me disait souvent : « ton B… » avec un rictus de dégoût, je voyais là que mes fréquentations ne lui plaisaient pas du tout. À la maison il venait souvent des enfants bien rangés sages et obéissants, avec lesquels je jouais à des jeux de constructions ou de société.
Le dimanche on partait en promenade voir quelques abbayes ou la Camargue, souvent un de ces gamins venait avec nous Et mon père jouait les grands seigneurs en nous invitants au restaurant ou dans une bonne pâtisserie pour le goûter dominical.
Une fois au court d’un voyage en Alsace, sur la route direction Strasbourg, il y avait avec nous JF et tout à coup mon père dit : « Dis-moi JF tu as déjà visité Paris » et hop on bifurque vers la capitale que l’on a visitée de nuit en faisant le tour des grands boulevards. C’était juste un « petit détour » de plusieurs centaines de kilomètres. JF n’avait jamais vu Paris, moi non plus. JF faisait partie des enfants d’amis de mes parents, chefs d’entreprise, avocats, dentiste, cardiologue, et autres conseillers pédagogiques, que du beau linge. J'ai gardé quelques amis parmi eux. Ceux de la bande du Vistre étaient fermier, épicier, menuisier, receveur des postes et mécaniciens. La famille A, industriels, étaient tous les dimanches à la maison, MA et DA venaient souvent avec moi pour rencontrer la bande du Vistre, ils ont vite compris qu’on s’amusait bien.

 

À suivre
 

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Publié le 10 Décembre 2020

Secret 42


La maison familiale était souvent remplie d’invités, certains restaient plus longtemps que d’autres. La pièce principale naguère, salle d’attente de la gare était le lieu de réunion pour la cellule du PS Nîmois, les réunions de francs-maçons, et la salle de rédaction du bulletin municipal.

Une grande partie de mon savoir culturel vient de là en écoutant, assis sur l’escalier qui monte aux chambres, la parole de certains érudits et autres intellectuels présents à table, une bibliothèque vivante. Nous ne comprenions pas tout (je dis nous, car mon frère était avec moi). Le côté interdit « clandestin » nous plaisait beaucoup.
Et les soirées finissaient souvent en chansons paillardes et libations endiablées et libertinages en tout genre. La maison était ouverte pour les amis, je me souviens de MM qui est resté pendant longtemps après un divorce douloureux, et JFCD un pervers qui reluquait les ouvrières de l’imprimerie, qui récitait à longueur de journée des poésies. Un autre dont j’ai oublié le nom, c’était incrusté si longtemps que mon père a fini par le virer, il a envoyé à mon père, une lettre pour le provoquer en duel. La famille F qui débarquaient de Mururoa (militaire qui faisait exploser des bombes dans les atolls prés de Tahiti) eux, ils restaient toutes les vacances d’été, à moitié à poil dans le jardin à faire de grands repas bien arrosés. Ces rencontres avec des personnes remarquables etaient riches en apprentissages et savoir, mais aussi déstabilisantes pour un gamin qui est confronté à des situations d’adultes sans filtre (philtre ?) ni explication.

À suivre

 

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Publié le 4 Décembre 2020

Secret 40
 

Encore avec les éclaireurs, nous sommes partis pour l’Autriche, au mois de juillet dans une station de ski. Le Tyrol véritable carte postale avec des chanteurs de Tyrolienne partout. On a joué les vrais touristes : Châteaux haut perchés, musée BMW à Munich, Stade olympique et même l’endroit où se déroule la fête de la bière, sans la bière ni la fête.
 

Nous campions dans une forêt près d’un torrent de montagne. C’était assez spartiate, mais dans un magnifique paysage, une forêt dense et profonde. Nous nous lavions dans le torrent, glacial et cinglant, les toilettes nous donnaient un bon coup de fouet.

Imst c’est le haut lieu des épreuves de luge et bobsleigh, mais les pistes sans neige c’est d’une inutilité déprimante.


Un camp qui aurait pu être banal si je n’avais,  un matin, après le bain glacé en redescendant au travers de la forêt vu MP dans une très jolie lumière de sous bois. C’est peut-être ça que l’on appelle le coup de foudre, j’ai tout de suite su que c’était elle, la personne avec qui je voulais vivre. Je ne l’ai plus perdue de vue depuis, je n’ai pas osé l’aborder à ce moment-là. J’étais plus dans l’autodestruction que dans la construction d’une vie amoureuse. J’ai attendu quelques années.
À ce moment-là, j’avais déjà le désir (le besoin) de fuir le village, et certaines personnes toxiques.
Des évènements traumatisants et un environnement pas protecteur ne me convenaient pas.
Je suis parti, pas très loin géographiquement, mais avec la nécessité de vivre sans agressions fréquentes. Pour me protéger, ce n’est pas vraiment ce qui est arrivé…

 

À suivre

 

http://jacqueslarguier.net/2020/09/mauvaise-herbe.html

 

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Publié le 1 Décembre 2020

Secret 39

Pour ne pas me laisser faire n’importe quoi mon père m’a trouvé un bouleau d’été, chez le peintre en lettre de Caissargues RP un virtuose du pinceau. Il donnait des cours au Collège d’Enseignements techniques de la route de Générac. Mais malheureusement c’était encore quelqu’un qui avait des principes, et dans son atelier il fallait commencer par le bas, c’est-à-dire que je nettoyais les pinceaux et les pots, le vendredi je balayais l’atelier. Comme vacances j’ai connu mieux. Pour vous dégoûter du métier, il n’y a pas mieux. Je soupçonne mon père et mon grand-père de lui avoir demandé de me remettre dans le droit chemin.

Un bonhomme, sec, diabétique, célibataire endurci. Toute la journée il traçait des lettres sur toutes sortes de supports, et quand sa main tremblait il sautait sur un tambour et faisait des roulements, ensuite il grimpait sur une corde lisse jusqu’en haut de son hangar. Calmé il reprenait le pinceau pour tracer des Anglaises et autres lettres aux pleins et déliés élégants et complexes, je passais des heures à le regarder. Et j’ai passé des heures aussi à nettoyer les pinceaux les pots et l’atelier.

J-L L, au volant, et R P, à ses côtés.

Un jour il m’envoie chercher des bouteilles de bières (Valstar) c’est l’été, enfin il devient gentil
j’arrive avec les bières fraiches il les attrape et les verses dans un sceau et me demande de badigeonner la caisse d’un camion (il peignait les logos sur les véhicules des transports Ducros). La bière servait à fixer les poncifs (grande feuille de papier léger ou les lettres était dessinées avec des roulettes dentées, on saupoudrait de blanc de Meudon et les tracés des lettres se retrouvaient transféré sur le camion)

J’ai reçu mon premier salaire

À suivre

 

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Publié le 27 Novembre 2020

Secret 38
 

Crystal LSD


« Trip » est le mot pour désigner le temps de l’effet d’un acide. C’est vraiment un voyage dans une autre dimension, il ne faut pas être trop fragile sinon c’est le bad trip. Certains ne sont jamais redescendus ; chaque fois que j’en ai pris, le voyage s’est bien passé. Bon je n’en ai pas pris non plus de grandes quantités. Mais un concert de Klaus Schulze dans l’église Sainte Perpétue de Nîmes sous acide, c’est la vision de la voûte qui s’ouvre sur un espace où nagent des animaux fantastiques et des formes abstraites colorées, avec des myriades de petites étincelles qui venaient tourbillonner autour de nous. C’est difficile de décrire l’ensemble des sensations et émotions. La descente d’acide est un moment de grand calme comme un planeur qui prend son temps pour atterrir avec légèreté.

Une autre fois à l’esplanade de Nîmes on avait pris un cristal et l’idée nous est venue de monter sur une mobylette. Imaginez, les rues de Nîmes devenaient toutes molles et elles s’ouvraient devant nous pour se refermer derrière, avec bien sûr des couleurs vives et surnaturelles. Je suis descendu en marche de la mobylette et je me suis envolé au-dessus de la ville. Le lendemain, on a retrouvé la mobylette fracassée, mais dans l’équipe il n’y avait aucun blessé. À croire qu’on s’était vraiment envolés.
 

La bande du Vistre réduisait de plus en plus, mais le peu qui restait a continué à faire des conneries dans le village, ça devenait de plus en plus scabreux, nous commencions à sérieusement dépasser le cadre légal, ça allait du casse de la pharmacie au vol de véhicules pour nos promenades nocturnes, et tout ça sans le moindre scrupule. La notion de bien de mal n’existait pas c’était un jeu, au même titre que sonner aux portes ou chaparder des cerises.
 

À suivre

https://www.youtube.com/watch?v=R8tjPGCWlTM

 

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Publié le 24 Novembre 2020

Secret 37

Les parents après la réunion nous ont surveillés un peu plus, mais nous échappions souvent à cette surveillance pour continuer à traîner dans le village et les alentours. Nous avions encore des réserves et les soirées fumettes devenaient régulières. Quelques fois, on prenait des acides (LSD) la découverte des « voyages » psychédéliques, vers d’autres états de conscience ont orientés certains d’entre nous dans des délires mystico gélatineux sans véritables guides ; un fourre-tout mélangeant : Herman Hesse, Kalil Gibran, Krishnamurty, Carlos Castaneda, Kerouac, Allen Ginsberg, la bible (pour certains) et tout un tas d’écrits plus ou moins farfelus. J’avais l’impression de découvrir un autre continent, et le désir de le découvrir ne m’a jamais quitté.
 

Il y en a qui ont viré rose croix d’or, d’autres cathos, comme quoi la marijuana peut vous faire basculer vers des drogues dures. Les plus curieux d’entre nous ont testé tout ce qui pouvait défoncer, c’était récréatif, et souvent sans suite, faute de fournisseur ou de moyens.
 

Et justement, par curiosité on testait aussi d’autres moyens pour aller voir ailleurs, la musique la peinture, les activités de plein air (escalade spéléo baignades) et la mise en danger par des défis à la con : sauter du plus haut possible d’un toit ou d’une falaise, s’envoyer des poignards en asseyant de les rattraper, prendre des virages sur route de plus en plus vite, rentrer dans des maisons par les fenêtres, se donner des coups de poing de plus en plus fort dans l’épaule, ça restait joyeux et nous rigolions beaucoup. Tout ce qui pouvait faire monter l’adrénaline était bon pour nous.

Souvent on partait pour Collias, il y avait une falaise qui permettait de faire des sauts, ou des plongeons pour les plus téméraires, du plus bas au plus haut par paliers. Le plus haut était à 16 mètres. Je n’ai jamais franchi ce palier-là.
 

Collias le rocher à plongeons

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Publié le 19 Novembre 2020

Secret 36
 

Des substances stupéfiantes en tous genres tournaient sur Caissargues. Il y avait aussi des plantations pour consommer local, en grande quantité. La gendarmerie de Rodilhan a fait une descente et a tout fauché et brûlé. Nous étions tous chez BC & RC à l’étage et tout à coup le champ derrière la maison a été envahi par des gendarmes . Ils ont encerclé la maison et nous ont arrêtés. Ils ont fouillé l’habitation et comme la maman de R & B cuisinait exotique , ils ont mis dans des sacs sous scellés un grand nombre d’herbes et épices. On s’est retrouvés tous au commissariat de Rodilhan. À cette époque les toxicomanes ne partaient pas en garde à vue, mais ils avaient obligation de se faire soigner dans des établissements spécialisés. En plus, nous étions tous mineurs.

Tous les parents du village se sont réunis pour voir comment ils pouvaient faire face à tout ça.
Ils ont demandé au professeur Anfoux de faire une réunion d’information à la salle municipale.

Je me souviendrai toujours de la tête des parents quand il leur a montré par la fenêtre la banderole club taurin Ricard et pastis 51, on préparait la Féria, en leur disant qu’on ne pouvait pas interdire une drogue douce et faire l’apologie d’une autre drogue bien plus dangereuse. Ça a eu pour effet de calmer certains parents qui voulaient voir leurs gamins enfermés au Luc (maison de redressement à Courbessac).

La cuisinière exotique a eu droit aux excuses du commissaire et à la restitution de toutes ses herbes et épices. Et nous, avons fait tout le parcours de soins réglementaires, pour nous faire comprendre que la drogue c’est mal.
 

À suivre

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Rédigé par jacques

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Publié le 17 Novembre 2020

Secret 35

 

Dans le village il y avait des personnages pas ordinaires, le fils du receveur des Postes, Justin Tabouret, Titin, un benêt doté d’une force pas commune. Les paysans et artisans du village l’embauchaient pour déplacer des choses lourdes ou encombrantes. Titin aimait bien le vin rouge. Quand il avait un peu trop bu il devenait agressif. Notre jeu (cruel, mais on ne s’en rendait pas compte) c’était de l’exciter jusqu’à ce qu’il nous poursuive en hurlant. Mais la plupart du temps, il venait dans le parc pour nous écouter faire le bœuf. Titin jouait de l’harmonica ,deux ou trois morceaux, mais ça suffisait pour jouer avec lui. Il a vécu assez vieux, mais les nouveaux arrivants du village ont eu peur pour leurs enfants, et ont porté plainte et Justin qui n’avait plus ses parents a fini dans un hospice. J’ai appris plus tard qu’on lui avait interdit de jouer de son harmonica.
À chaque élection municipale, même maintenant, il y a une voix pour Justin Tabouret dit Titin.

 

Le secrétaire de mairie monsieur Gagne était radio- amateur et bricoleur. Ils avaient, en une aprés midi avec mon père, fabriqué un détecteur de métaux pour localiser les bouches d’égouts noyées sous le bitume. Je suis un jour rentré dans son local de radio amateur : des appareils avec plein de cadrants et voyants, ça sentait la bakélite chaude, des sons étranges et une immense carte du monde, il pouvait capter les messages d’autres radio- amateurs dans le monde entier.
 

 

Monsieur louis dit ficelle (elle tenait son pantalon) embauché par mon père pour construire les murs de la future imprimerie. Je l’ai regardé des journées entières passer et repasser dans le jardin avec une brouette ou des outils et sa jambe de bois il sifflait de beaux airs de musique.
 

 

Les animaux errants étaient acceptés dans le village. Mon chien Dick que mes parents avaient ramené du Maroc en même temps que moi (un chien jaune du désert) coursait tous les cyclistes, mais sans jamais mordre ni les faire tomber, les gens ne faisaient pas trop d’histoire avec ça. Des poules et d’autres volailles se promenaient dans les rues sans que personne ne trouve à redire.

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Rédigé par jacques

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Publié le 12 Novembre 2020

Secret 34

Après le camp de Grésy sur Isère, aux vacances suivantes, nous sommes partis en Écosse. Dans le nord, au bord d’un Loch à côté du loch Ness. Nous campions juste au bord, dans une clairière recouverte d’un épais tapis de mousse toujours humide. Un château en ruine se découpait sur un fond d’immenses arbres, tous les jours il y avait un épais brouillard, et le silence donnait à l’ensemble un mystère amplifié par nos imaginations fertiles. Tous les dimanches un écossais pur jus débarquait en jouant de la cornemuse. Les sous-bois, très humides où la lumière passait à peine, donnaient à nos balades un parfum d’aventures où tous les monstres légendaires pouvaient apparaître à chaque instant. Souvent, j’y allais seul pour avoir encore plus l’impression que cette forêt allait m’engloutir. J’ai souvent observé des grands-ducs et autres oiseaux de nuit. On s’enfonçait jusqu’aux genoux dans la mousse en silence.

Le loch, d’après les gens du coin étaient très profond, on les sentait un peu jaloux de ne pas avoir un monstre comme Nessy, l’apport touristique du Loch Ness faisait la richesse des commerçants.

 

Un jour particulièrement brumeux, pour ne pas se perdre, on longeait la berge et on remarque à la surface un bouillonnement pas vraiment naturel. On se serre les uns contre les autres pour pouvoir faire face au monstre qui sort des profondeurs, la tête et puis le cou et un début de corps . Dans un bouillonnement d’écume le monstre sort enfin à la surface. Un énorme sous-marin militaire si gros qu’il barre l’horizon. Les sous-mariniers sortent pour prendre l’air en nous saluant. Au bout du loch il y avait une base militaire et des engins de guerre, imaginez la profondeur de ce bras de mer.

 

Ce camp-là ne nous a pas permis de faire les couillons, nous étions loin de tout et en autonomie.

J’ai passé le brevet de navigateur et celui de nageur. Il fallait parcourir vingt-cinq mètres aller et pareil au retour j’ai battu des records, car j’ai nagé avec la crainte d’être rattrapé par un sous-marin.

 

À suivre
 

 

 

 

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Rédigé par jacques

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