Secret 21
Publié le 15 Octobre 2020
Secret 21
Les arènes de Caissargues servaient de terrain d’entraînement à l’école taurine de Nîmes. Nous y allions souvent, pour regarder les entraînements de jeunes apprentis pas encore toreros. Il y avait là Nimeño, et quelques autres. Il s’entraînait des journées entières et souvent sous le soleil d’été. Imaginez il faisait le tour des arènes en sautant de part et d’autre de la talenquaire, puis en équilibre sur elle. Il répétait inlassablement les passes et tous les gestes d’une Faèna. Et pour se rafraîchir buvait à la régalade, avec, la aussi, une grande maîtrise du geste. Pour finir, il se couvrait de sa cape au centre des arènes sous le soleil d’été, et restait là un long moment.
Il y avait aussi des guitaristes flamenco, dans le style Paco de Lucia. Pendant des heures nous les écoutions, en silence. Parfois, on prenait une cape ou une muleta pour se mesurer au toro à roulette, je me suis rendu compte là de la taille de ces bestiaux, et du danger de les affronter. La bande se divisait en deux : ceux qui descendaient dans l’arène et les autres. Je faisais partie des autres. J’ai assisté gamin à des courses camarguaises prestigieuses. La finale du trident d’or, le trophée des as. J’avais même ma place à la tribune présidentielle.
Nous avions aussi des cours de secourisme, prodigués par un militaire à la retraite, il y avait toute la bande. Un jour nous avons appris à sangler un « blessé » sur le brancard. B d’un côté et moi de l’autre, l’instructeur nous dit : « si vous le retournez il devrait tenir » Imaginez un gaucher et un droitier, on le retourne, mais pas dans le même sens je lâche et le pauvre les bras liés, percute le sol en faisant un bruit sourd. Le formateur s’affole ne sachant plus que faire, il panique. Nous retournons le brancard, le pauvre avait une énorme bosse sur le front, nous l’avons dessanglé et ramené à sa maison. Les cours de « secourisme » se sont terminés là.
À suivre …