Secret 44

Publié le 28 Décembre 2020

 

Le 18 rue général Perrier était comme ma deuxième maison, je rentrais de temps en temps à Caissargues, mais de moins en moins souvent. J’ai côtoyé toutes sortes de gens au 18, trois de la bande du Vistre et YR et BS deux cousins, guitariste tout les deux, dans des styles très différents. YR jouait et chantait à la perfection le répertoire de Jimi Hendrix à la guitare sèche, BS lui avait plutôt le style John McLaughlin. J’ai passé des heures à les écouter et parfois ils nous apprenaient deux trois accords pour jouer avec eux. On n’avait rien d’autre à faire que faire de la musique et se défoncer.

Quand on avait besoin de faire des courses, on volait tous ce dont on avait besoin. Parfois on cassait une vitrine et on se servait. Tout cela nous paraissait naturel, et pourquoi s’en priver ça marchait à chaque fois. Les dealers qui passaient au 18 nous faisaient confiance et on avait toujours de la marchandise à disposition. J’ai assisté souvent à des disputes de junkies, un jour il y en a un qui est rentré dans l’appartement en nous braquant avec un revolver, surement en manque, il n’a pas résisté longtemps, car on lui a donné une dose. Mais tout ça ne nous affectait pas, car on planait en permanence, sur un nuage.

Il faut quand même savoir qu’il n’y a rien de comparable en intensité de plaisir qu’un flash à l’héroïne (en plus on avait accès à de la blanche non coupée). C’est extraordinaire comme effet malheureusement pour retrouver cette intensité, il en faut chaque fois plus et c’est là le piège on est dépendant physiquement au troisième shoot, pour le plus grand « bonheur » des dealers. Je suis passé à côté de ce manque, un instinct de survie plus fort ? Je ne sais pas.

Il nous passait de drôle d’idées par la tête, un soir avec BC on a pris de l’encre sérigraphique bleu métal et on est allé peindre la Nymphée au centre du jardin de la fontaine, c’était du plus bel effet. Le lendemain on est allé voir notre chef-d’œuvre, les employés municipaux frottaient la statut pour faire disparaître la couleur. YR qui passait par là, éclate de rire en nous voyant, car on avait BC et moi les vêtements tachés d’un magnifique bleu métal.

 

À suivre

Rédigé par jacques

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article