Secret 44
Publié le 5 Janvier 2021
Le jardin de la fontaine fermait le soir, nous avions fait un passage sur le côté pour y rentrer à la nuit tombée. Le jardin n’était que pour nous, un vaste terrain de jeu. Même si nous nous défoncions souvent, on avait gardé cette envie de s’amuser en bravant les gardes de nuit. C’est peut-être ça qui en a sauvé quelques-uns de la descente aux enfers du junkie. La nuit, le jardin de la fontaine servait à toutes sortes de gens, qui venaient draguer, vendre, s’exhiber ou tout simplement prendre une dose d’adrénaline. Le jardin, dans ces années-là n’était pas taillé et rangé comme maintenant, on pouvait facilement se fondre dans les taillis. Ça nous est arrivé plusieurs fois de dormir à la belle étoile et de nous réveiller au milieu des visiteurs. Le Bar du jardin s’appelait « le pavillon » le lieu de rendez-vous hors de la ville où l’on pouvait rester toute la journée. Le café arrosé, notre boisson favorite, pas chère et efficace pour se saouler, nous en buvions pas mal, et les soirées au « pavillon » se finissaient en toutes sortes de délires plus ou moins dangereux. La pratique du vélo sur les rambardes en pierre du jardin avait notre préférence, d’un côté l’eau cinq six mètres plus bas et de l’autre le sol à un mètre, c’est un exercice périlleux et riche en adrénaline. Personne n’est tombé ni dans l’eau ni sur le sol. Une autre activité en ville consistait à casser des vitrines comme ça pour la beauté du geste, certaines vitres explosaient en mille petits morceaux en faisant un bruit de grêle, d’autre se fracassaient en éclats vifs et tranchants et parfois le projectile rebondissait sans casser la glace, sur celles-ci on s’acharnait sans pourvoir leur faire la moindre fente.
À suivre