Secret 10

Publié le 20 Septembre 2020

L’été, la saison des moissons et des ballots de pailles. Dans le grand champ en face la gare, de l’autre côté de l’avenue de Camargue on rassemblait les bottes pour bâtir d’immenses cabanes.
Avec des dimensions vertigineuses, des passages secrets, des tunnels, et de grandes salles dans lesquelles on pouvait rentrer toute la bande. On grimpait tout en haut. On pouvait apercevoir, le Vistre, encore plus loin, Israël (je vous expliquerais l’origine de ce nom) le mas des abeilles, et enfin Nîmes et la tour magne.

 

On dominait le village. Une sentinelle au sommet surveillait si le propriétaire du champ venait.

On l’appelait « inspecteur la clavette » un grand bonhomme sportif et pas content de voir
sa paille en vrac au milieu de son champ. Ça ne devait pas le déranger plus que ça, car tout le village savait qu’on était là. Et il lui suffisait de se faire voir pour nous faire déguerpir.

 

Nous rampions dans ce labyrinthe, nous finissions couverts d’écorchures, l’impétigo faisait des ravages. Les mamans passaient beaucoup de temps à nous soigner. Je ne me souviens pas du produit, on était couverts de taches rouges.

L’envie d’aller dans notre château de paille était plus forte.
 

Un jour, la cabane s’est effondrée sur le fils de l’infirmière on a aussitôt mis en place les secours, comme dans une avalanche sans se rendre compte qu’il avait pris plusieurs centaines de kilos de paille sur la figure. Tels des chiens sauveteurs, on la découvert coincé sous deux ballots qui lui avaient épargné l’écrasement. Il était hilare et indemne.
 

Les bottes de paille étaient en vrac. C’est à ce moment qu’on a vu « inspecteur la clavette » dans une colère noire, au bout du champ, encore une fois on s’est vite échappé pour se réfugier sous le pont de la route du mas de nage.

Contents, on se congratule en se racontant l’événement qu’on vient de vivre.
 

Le pont sous la route du mas de Nages nous servait de refuge, d’autres lieux dans le village servaient de cachette. L’ancien arrêt de bus, salle voutée avec deux banquettes, le lavoir derrière les arènes. Et le parc aujourd’hui il est propre, éclairci, bien taillé. Quand on le fréquentait, c’était une forêt pas entretenue avec des taillis bien épais, nous étions isolés du village.
 

En son centre une clairière avec deux bancs, les restes d’un grand bassin circulaire, un immense « quaquitier* » et tout autour un chemin qui faisait un circuit, qui plus tard, servira de piste d’essai pour nos mobylettes préparées. J’y reviendrai plus tard.

 

 

 

*« quaquitier » plaqueminier

 

Rédigé par jacques

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