Secret 11

Publié le 21 Septembre 2020

La Bastide, avant de devenir le stade et un centre de recherche agronomique, abritait un élevage de porcs. C’était le papa de B qui s’en occupait. Sans être un élevage industriel, il y avait un grand nombre de cochons. Dans le bâtiment principal, les loges se trouvaient sur les deux côtés. Au centre un couloir tout le long du bâtiment, large de cinq ou six mètres, qui communiquait avec les loges par de petits passages pour les porcelets. Les truies et les verrats restaient sur les côtés. Notre grand jeu, c’était d’avancer dans ce couloir jusqu’à ce que tous les porcelets s’entassent contre le mur du fond, en couinant très fort.
Un amas tout rose et grouillant qui reprenait sa forme de troupeau de porcelets dès qu’on partait.
 

Les verrats, des bestiaux énormes et pas très sympathiques. Le papa de B avait une énorme cicatrice à la cuisse, suite à la morsure d’un gros mâle. Il nous disait toujours de rester à distance.
La bastide c’était déjà loin de notre territoire, loin du village, mais encore au bord du Vistre.

 

 

 

Un autre lieu lointain, Israël, un immense champ au nord du Vistre. Première chose il fallait traverser le fleuve. Une fois arrivé dans le champ, où jamais rien n’était planté, de la hauteur d’un petit gamin, la friche paraissait infranchissable. D’ailleurs je ne me souviens pas l’avoir franchie. Cette étendue désertique, on l’appelait Israël. Paris match avait diffusé l’image des chaussures abandonnées par les soldats pour fuir plus vite, pendant la guerre des Six Jours. On a essayé de faire pareil pour fuir plus vite, mais ça nous a retardé. Ils avaient sûrement des chaussures sans lacets. La photo était en noir et blanc, la même couleur que le champ infranchissable.
 

On n’osait pas trop agrandir notre royaume, mais ça changera dans les années à venir.

Rédigé par jacques

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