Secret 39

Publié le 1 Décembre 2020

Secret 39

Pour ne pas me laisser faire n’importe quoi mon père m’a trouvé un bouleau d’été, chez le peintre en lettre de Caissargues RP un virtuose du pinceau. Il donnait des cours au Collège d’Enseignements techniques de la route de Générac. Mais malheureusement c’était encore quelqu’un qui avait des principes, et dans son atelier il fallait commencer par le bas, c’est-à-dire que je nettoyais les pinceaux et les pots, le vendredi je balayais l’atelier. Comme vacances j’ai connu mieux. Pour vous dégoûter du métier, il n’y a pas mieux. Je soupçonne mon père et mon grand-père de lui avoir demandé de me remettre dans le droit chemin.

Un bonhomme, sec, diabétique, célibataire endurci. Toute la journée il traçait des lettres sur toutes sortes de supports, et quand sa main tremblait il sautait sur un tambour et faisait des roulements, ensuite il grimpait sur une corde lisse jusqu’en haut de son hangar. Calmé il reprenait le pinceau pour tracer des Anglaises et autres lettres aux pleins et déliés élégants et complexes, je passais des heures à le regarder. Et j’ai passé des heures aussi à nettoyer les pinceaux les pots et l’atelier.

J-L L, au volant, et R P, à ses côtés.

Un jour il m’envoie chercher des bouteilles de bières (Valstar) c’est l’été, enfin il devient gentil
j’arrive avec les bières fraiches il les attrape et les verses dans un sceau et me demande de badigeonner la caisse d’un camion (il peignait les logos sur les véhicules des transports Ducros). La bière servait à fixer les poncifs (grande feuille de papier léger ou les lettres était dessinées avec des roulettes dentées, on saupoudrait de blanc de Meudon et les tracés des lettres se retrouvaient transféré sur le camion)

J’ai reçu mon premier salaire

À suivre

 

Rédigé par jacques

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