Secret 20

Publié le 12 Octobre 2020

Secret 20

André Larguier

Mon père instructeur pilote dans l’armée de l’air (voilà pourquoi je suis né à Marrakech) avait encore des contacts avec la base de Garons. Et on avait droit au coiffeur militaire, visite à domicile. Coupe en brosse réglementaire, et friction du cuir chevelu avec une sorte de gomme molle qui permettaient de faire tenir la brosse en l’air. Comme je l’ai déjà dit, j’ai toujours pensé que mon père n’était pas vraiment descendu de son avion, il avait l’air heureux là-haut. Et quand il en parlait, c’était des récits passionnants, qui lui donnaient beaucoup de joie. Combien de fois il racontait ses séances de voltige, les fois où ils volaient face à face, en jouant à celui qui dégagera le dernier. Celui qui gagnait toujours fermait les yeux. Un jour à Marrakech au cours d’un vol, il parle tout haut : « Je me demande, si je ne vais pas vendre ma mobylette » la radio n’était pas coupée et toute la base a entendu ça. À l’atterrissage, il y avait foule pour lui acheter la bécane. Il est redescendu sur la terre des hommes et son bonheur est resté là-haut.

Base de Marrakeh ( camp Mangin )

 

À Caissargues, il dirigeait une imprimerie, et se passionnait pour la langue provençale et le Félibrige.
Nous allions souvent dans la manade, Fabre Malhian. Je n’étais pas bien grand et le Baïle-gardian Pierre me faisait visiter la Camargue. Souvent au crépuscule, le moment où les animaux sortent. Il voyait tout et je ne distinguais pas grand-chose. C’était magique, nous parlions à voix basse en nous cachant dans les anganes. Je vous jure que plusieurs fois je l’ai vu, la bête du Vacares. À la féria de Caissargues, on m’habillait en gardian pour participer au défilé et à la messe dominicale en provencal. Nous assistions à toutes sortes de rituels notamment le bistournage, et le marquage des taureaux. Mon père avait un droit de passage dans la propriété Bec. Après avoir passé une barrière fermée, nous suivions une piste qui menait à une pinède bordant la plage. Une plage rien que pour nous ; nous étions les rois.

 

Rédigé par jacques

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