Secret 18

Publié le 6 Octobre 2020

Le Vistre nous ne l’avions pas abandonné. Nos terrains de jeux de plus en plus urbanisés, il ne restait qu’une cachette sûre et vu l’odeur du fleuve, nous étions tranquilles. La cabane reconstruite sur une rive cachée avait tout le confort, et de la lumière pour le soir. La bande rétrécie, le restant, restera soudé jusqu’à l’entrée dans la vie active. Guitares, bongos, flûtes en tout genre, de longues heures à faire le bœuf. Souvent très tard, les parents n’étaient vraiment pas inquiets, ou alors ils s’en foutaient pourvu qu’on ne les emmerde pas ? Cette liberté nous convenait parfaitement.

 

Au centre du village il y avait encore, quelques champs et d’immenses rangées de cyprès, assez larges et solides pour faire un passage de l’un à l’autre. Nous y avons passé des journées entières.

Nous pouvions cheminer tout autour des champs, sans être vus des paysans et autres passants.

De ce poste d’observation, nous avions le sentiment d’être invisibles. Tout un tas de signes nous permettait de communiquer sans parler. Mais on ne pouvait pas s’empêcher d’éclater de rire à chaque chute, et se faire repérer.

 

Les cyprès n’étaient pas très loin de la maison de mon grand-père maternel Charles. Lui, je l’aimais bien, un grand sec avec un béret, toujours en bleu de travail. Comme moi, il fouillait dans les poubelles de l’imprimerie, pour utiliser toute sorte de choses pour son potager. Les chutes d’aluminium étaient utilisées comme réflecteur pour les tomates. Son jardin, immense et productif l’occupait la plupart du temps. Le voisin, jardinier aussi, avait une oreille en moins mangée par sa mule. Aussi petit que mon grand-père était grand. Sourds tous les deux, ils avaient de grandes discutions, sûrement des souvenirs de la Grande Guerre. Je les appelais courte patte et patafil. Aux repas de famille, on me mettait souvent à côté de lui, j’aimais bien ça, il me racontait la bataille des Dardanelles et d’autres histoires de soldats. Il avait servi dans la cavalerie. Pour moi c’était merveilleux, c’était les chevaux qui tiraient les pièces d’artillerie, rien à voir avec les héros de westerns. Charles bricolait et quand ça ne marchait pas comme il voulait ; il criait « Ha ! le clown » et l’outil traversait l’atelier. C’était sa plus grosse injure. Il me disait souvent « toi tu as le biais », je pouvais utiliser tous ses outils. Et en plus il possédait une Mobylette bleue avec une remorque.

 

À suivre

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Rédigé par jacques

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