Secret 50
Publié le 1 Février 2021
Secret 50
Enfin je peux de temps en temps travailler au dessin (c’est comme ça que l’on appelle l’endroit ou on fait les maquettes et les typons pour l’atelier sérigraphie) c’est juste quand il y a des coups de bourre. Dans cet atelier il y a RN enfant de dieu et JFH témoin de Jéhova, je suis au milieu, ils ne s’adressent la parole que pour des choses professionnelles. Le travail consiste à fabriquer les films pour insoler les écrans de sérigraphie. Il n’y a pas d’ordinateur, tout à la main. Le tire-ligne et la gouache brune inactinique, il ne faut pas trembler, sinon on gratte les taches avec un véritable bistouri de chirurgien. Et j’ai retrouvé le Bouzard, vous vous souvenez mon vaisseau avec lequel j’ai fait des tours du monde. Maintenant j’ai appris à l’utiliser comme banc de reproduction, ça permet de réduire ou d’agrandir des dessins ou tramer des photos pour les imprimer en sérigraphie. Voilà je suis dans le monde des grands. Plus tard je l’ai utilisé pour faire des photos d’objets, je l’ai détourné de sa fonction de simple banc de reproduction.
J’ai tenté de discuter avec mes deux collègues, mais entre un catho dépressif et un témoin de Jéhovah obtus, la discussion ne va pas bien loin, elle ne va d’ailleurs nulle part. Régulièrement, j’avais sur ma table à dessin la tour de garde, revue de propagande des témoins, je vous conseille de le lire une fois dans votre vie, si après ça vous ne devenez pas mécréant, je perds mon latin. Bon les deux faisaient des potagers, c’était le seul sujet abordable, ça ne m’intéressait absolument pas à l’époque. Je regrettais fortement la © Marinoni et sa force hypnotique. J’ai dessiné quelques écussons (ceux que l’on colle derrière les campings — cars) nos villes et nos régions touristiques. Et l’héraldique n’avait plus aucun secret pour moi. En plus c’était payé 50 francs supplémentaires sur ma fiche de paye. Mon père avait l’air satisfait de m’avoir mis en liberté surveillée, et moi je faisais le dos rond en attendant de reprendre le cours de mes errances.
Et au bout il y avait les beaux-arts.
À suivre